Le Grand Anneau de Montréal : Et si on regardait plus loin ?

L’art public ne cherche pas toujours à plaire

Installé en plein cœur de Montréal en 2022, Le Grand Anneau (The Ring) a rapidement divisé l’opinion publique. On l’a jugé trop cher, trop simple, voire inutile. Mais ce genre de réaction n’est pas rare face à l’art contemporain. Surtout lorsqu’il s’installe au beau milieu d’un espace public et qu’il prend autant de place physique que symbolique.

Jean Daniel, novembre 2022, Pexels

La vérité, c’est que l’art n’a pas pour mission première de plaire. Il est là pour questionner, perturber, bousculer. Et parfois, pour élever. Le Grand Anneau ne fait pas l’unanimité — et c’est très bien ainsi.

Une prouesse d’ingénierie au service de l’art

Derrière ce cercle suspendu se cache bien plus qu’un simple geste artistique. Le Grand Anneau est une alliance spectaculaire entre art et technique. Conçu par le studio de design Claude Cormier + Associés (aujourd’hui CCxA), reconnu pour ses interventions audacieuses dans l’espace public montréalais, il incarne l’idée que l’ingénierie peut elle aussi être porteuse de poésie.

Avec ses 30 mètres de diamètre, ses plusieurs tonnes d’acier inoxydable, et sa suspension délicate par câbles au-dessus de l’escalier monumental de la Place Ville Marie, l’œuvre est un véritable défi architectural. C’est une prouesse discrète mais impressionnante — et elle mérite qu’on y accorde un second regard.

Ce n’est pas juste un anneau

On pourrait croire qu’il s’agit simplement d’un cercle suspendu. Mais L’Anneau est bien plus que cela. Il agit comme une fenêtre symbolique, un œil ouvert sur la ville. Il encadre la montagne dans l’axe McGill College, connecte l’histoire de Montréal à sa verticalité contemporaine, et crée un lien visuel entre la terre et le ciel. Certains y voient une passerelle vers l’imaginaire, d'autres une invitation à la contemplation. Ce vide circulaire devient alors un espace de projection, un miroir abstrait de nos propres perceptions. Et c’est justement ce potentiel d’interprétation qui le rend si puissant… ou si déroutant.

Juger trop vite, c’est passer à côté

Quand on ne comprend pas une œuvre, il est si facile de balayer d’un revers de main, de rejeter, de tourner en dérision. Pourtant, en tant qu’artiste, je peux vous assurer que rien n’est jamais “juste” une peinture ou une sculpture. Il y a toujours un pourquoi. Une intention, même cachée. Une démarche, même subtile.

💡 Envie d’aller plus loin sur cette idée ?

 👉 Je vous invite à lire mon article “L’art doit-il être beau ?” — une réflexion complémentaire sur nos attentes face à l’art et la notion de beauté.

Ne pas comprendre tout de suite, ce n’est pas un échec. C’est une invitation. Un appel à poser les yeux autrement, à ralentir, à observer, à écouter. Certaines œuvres nous résistent. Et c’est peut-être justement là qu’elles deviennent précieuses.

L’art, marqueur de culture et de mémoire collective

Ce type d’installation n’existe pas pour faire joli. Il existe pour inscrire l’art dans le quotidien, pour faire partie de l’identité d’une ville. Comme d’autres œuvres célèbres avant lui, Le Grand Anneau participe à forger un héritage visuel, une mémoire commune.

Il s’agit d’un choix culturel fort : faire de l’espace urbain un lieu de réflexion, d’inspiration, parfois même de controverse. Et c’est dans ces tensions que naît le dialogue.

Aryanne Valgas, juillet 2024, Unsplach Licence

En conclusion : et si c’était ça, l’art ?

Une œuvre qui ne laisse pas indifférent. Qui suscite des questions, des discussions, voire des débats. Et si c’était justement ça, la vraie mission de l’art contemporain dans l’espace public ?

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