
Est-ce que l’art à pour rôle de plaire à tout prix? Devant une œuvre dérangeante, brute ou abstraite, le réflexe est parfois de dire : “Je n’aime pas”, ou “Ce n’est pas beau”. Mais est-ce vraiment le rôle de l’art de plaire à tout le monde ? L’art doit-il être beau ?
La réponse est simple : non.
L’art n’est pas qu’esthétique
On associe encore trop souvent l’art à l’esthétisme, à une forme de beauté visuelle qui se doit d’être agréable à l’œil. Pourtant, l’art est avant tout une forme d’expression, un langage qui dépasse le joli ou le décoratif. Il peut bousculer, provoquer, faire réfléchir. Il peut être douloureux, chaotique, sombre… et pourtant profondément nécessaire.
Prenons l’exemple de Guernica, œuvre magistrale de Pablo Picasso. Cette toile monumentale, peinte dans un style cubiste fragmenté, ne cherche pas à séduire. Elle met en scène des corps démembrés, des cris, des regards figés dans l’horreur. Ce tableau n’est pas beau au sens traditionnel du terme. Et pourtant, il est bouleversant, puissant, inoubliable et splendide par la puissance du message qu’incarne. Guernica est un cri contre la guerre, un symbole de résistance et de mémoire.
L’art est une émotion, pas un consensus
L’appréciation de l’art est profondément subjective. Ce qui touche une personne peut en laisser une autre complètement indifférente. Et c’est bien normal ! L’art c’est un dialogue, une histoire, un témoin, une émotion, un accès à notre sensibilité, à nos expériences.
"Pulsion" 2021, acrylique mixte sur toile, oeuvre de la série "Immersion" qui rend hommage aux créatures mal aimées. Cette oeuvre suscite régulièrement le dégoût lors de mes expositions en raison de son sujet. Pourtant, elle met en valeur toute la force et la sensualité du serpent illustré.
"Protection" est une oeuvre qui suscite toujours beaucoup de réaction (crainte, peur, intimidation) chez le publique qui s'arrête rapidement sur le caractère très expressif de la louve et passe à une autre oeuvre. Mais si on prend le temps de s'arrêter quelques seconde, on peut constater que celle-ci protège le petit louveteau entre ses pattes. Cette oeuvre est un hommage à l'amour et la force maternelle. Pour moi, cette oeuvre est l'une des plus poétique que j'ai peinte dans la dernière année.
Quand la beauté cache la douleur
À l’inverse, pensons à La Nuit étoilée de Vincent Van Gogh. Cette peinture fait pratiquement l’unanimité : elle est souvent jugée magnifique, apaisante, poétique. Ses tourbillons célestes, ses couleurs vibrantes, sa lumière mystérieuse fascinent encore aujourd’hui.
Et pourtant, elle a été peinte alors que Van Gogh se trouvait dans un asile, en proie à des troubles mentaux profonds. Derrière cette œuvre douce et contemplative se cache une immense souffrance, une fragilité humaine.
Cela prouve que même les œuvres dites “belles” ne sont pas dénuées de profondeur ou de douleur.
L’art n’a pas à faire l’unanimité
Comme le disait Marcel Duchamp, artiste révolutionnaire du XXe siècle :
“Ce sont les regardeurs qui font les tableaux.”
L’art n’est donc pas là pour plaire à tout le monde. Il peut déranger, émouvoir, questionner, faire réfléchir. Et surtout : il n’a pas besoin d’être “beau” pour être légitime.
L’art est un langage, un témoin, parfois un dénonciateur. Il est émotion, souvenir, message, bien plus qu’apparence.
Alors non, l’art ne doit pas être beau. Il doit être vivant, sincère, nécessaire.
Et vous, qu’en pensez-vous ? L’art doit-il plaire ?
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